lundi 24 janvier 2011

Raconter les Beatles

Il est des nouvelles qui font frémir. Brad Pitt, le charmant acteur qui ne manque pas de talent, voudrait incarner John Lennon dans un biopic. Yoko Ono donne sa bénédiction. Il chanterait même les chansons et tout ça. 
On peut trembler. Non pas que la vie de Lennon ne mérite pas un biopic, ou que Brad Pitt ne soit pas capable de l'interpréter... Mais avec le recul, on peut dire que les films sur les Beatles, c'est franchement pas des chef-d'oeuvres. 
Attention, on ne parle pas ici des films avec les Beatles, tels Hard day's night, Help!, Yellow submarine, Magical mystery tour ou encore Let it be. Non, on parle bien des films racontant la vie des quatre garçons dans le vent, même si un prochain article pourrait bien voir le jour sur les films susnommés... 



Remontons le temps. Dernier film en date sur les jeunes de Liverpool aux pantalons moulants, Nowhere Boy se concentre sur un John Lennon adolescent, en quête de repère familiaux. Le film se focalise sur sa relation avec sa tante Mimi et sa mère Julia, un charmant prétexte pour tomber dans la mièvrerie constante. Sam Taylor-Wood, fascinée par son mari d'acteur Aaron Johnson, oublie qu'elle fait un film sur le futur leader du groupe qui va bouleverser le monde  de la musique (et pas que celui là). On attend qu'une chose durant le film, l'utilisation des chansons de Lennon, qui auraient parfaitement illustré le propos. Il quitte une soirée pour rester seul? I don't want to spoil the party. Il se balade seul dans un parc? Strawberry fields forever. Il déprime seul? Help!. Il perd sa mère? Julia. Tout était là, il suffisait d'ouvrir ses esgourdes. Alors, si le premier accord de Hard day's night retentit dès l'introduction du film, on entendra plus rien jusqu'au générique de fin, avec une version de travail de Mother. Tristesse auditive.




On regrettera aussi une certaine confusion "historique". Quelqu'un qui ne connaitrait pas du tout l'histoire des Beatles sera perdu, et celui qui la connait par coeur ne verra que des erreurs. L'exemple le plus frappant concerne la rencontre avec Paul Mc Cartney, après un concert des Quarrymen. 



Damned, si John fut si impressionné par Paul, c'est bien parce qu'il jouait le fameux Twenty flight rock sur une guitare droitier à l'envers et en entier! Et là, une guitare gaucher, et un couplet. JE DIS NON. Et Paul confirme:

Quel intérêt de faire un film collant à moitié à la réalité? Désespérés (si, nous le sommes, ne niez pas), on se tourne  vers Backbeat, (en français Cinq garçons dans le vent) pour avoir un film un peu plus intéressant.


J'adore ce trailer complètement kitsch. Centré sur Stuart Sutcliffe, le film retrace la période de Hambourg, qui forge véritablement le groupe. Ils y découvrent la drogue, le sexe, le rock'n roll, et tout ça en même temps. Plus fort encore, ils rencontrent d'autres artistes qui vont leur ouvrir de nouvelles perspectives culturelles et forger leur image. C'est notamment le cas de Astrid Kirchherr qui prendra les premiers clichés du groupe. 







Les Beatles sont encore cinq et Ringo Starr n'est encore que ce batteur cool avec qui ils boivent des bières. Stuart Sutcliffe est encore le bassiste médiocre sur qui Paul crie quand il n'est pas dans la bonne tonalité.  Pete Best n'a pas encore été viré mais ne dit déjà rien. George assure à la guitare mais pas encore avec les filles. John crie "c'est de la bite"  à toute occasion, en particulier quand il ne faudrait pas. Bref, un décor tout ce qu'il y a de sympathique.

S'il est parfois caricatural (mais comment ne pas l'être dans un film de 90 minutes? Bon ok, c'est vrai, je pardonne aussi à ceux qui m'ont offensé), Backbeat a le mérite de montrer nos idoles en construction, sans concession pour la légende. Chacun en prend pour son grade sans pouvoir réellement démentir. Dommage seulement que George et Paul soient complètement mis à l'écart du scénario. Ce dernier dénigrera le film en une phrase merveilleuse: "Ils ont fait chanter 'Long Tall sally' à John alors qu'il ne l'a jamais chanté". Merci Paul.


Un drôle de film, sorti en 1991, raconte la drôle d'histoire des drôles de vacances entre le drôle Brian Epstein et le drôle John Lennon. En 1963, ils partent ensemble en vacances en Espagne, et la rumeur court sur une relation homosexuelle entre les deux hommes. Réalité ou fantasme, en faire un film n'était pas l'idée du siècle... Intitulé The Hours and Times, Je n'ai pu mettre la main dessus (ni aucune autre partie du corps, du reste). Si quelqu'un connait...

Sur John Lennon en solo, on retiendra les films L'assassinat de John Lennon, Chapitre 27 et Les Etats-Unis contre John Lennon. Qui veut voyager loin ménage sa monture, et Horse McEnroe voudrait se concentrer sur les Beatles en tant que groupe. Il ne parlera donc pas du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, avec les Beegees, Nanarland le fait très bien! Pas un mot non plus de Across the universe qui place un peu au chausse pied les chansons des Beatles pour faire un comédie musicale pas dégueu au final. De toute façon les filles sont amoureuses de Jim Sturgess alors après on peut rien faire.





Pour finir en beauté, on se tournera tout naturellement vers le génial The Rutles: all you need is cash, réalisé par l'ex Monty Python Eric Idle. Le vrai documentaire sur le faux groupe (ou l'inverse, allez savoir) est une relecture plus vraie que nature du mythe Beatles. Invités pour parler du groupe, des personnalités telles que Mick jagger ou Paul Simon ne sont pas tendres avec les "préfab four", mais ils l'ont bien cherché.







Le film brille surtout pour ses imitations de chansons des beatles, telles que Ouch!, With a girl like you,  Get up and go ou encore Number one.



On appréciera également la présence de George Harrison en journaliste et surtout en "consultant" du film. Lennon se dit fan, Ringo regrette les séquences tristes et Paul aime car sa femme aime. La suite, "Can't buy me lunch", sortie en 2002, est moins réussie mais vaut son pesant de scarabée pour les fans.

John et Yoko? oh...


Alors attention mon petit Brad, tu t'attaques à du lourd. Au fait, qui pour faire Yoko Ono? Angélina Jolie? Help, I need somebody...

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