lundi 31 janvier 2011

Lettre d'amour à Clint

Clint, je t'aime.



Déjà, pardonne moi pour le tutoiement. Pour toi américain, ça ne change rien. C'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Je dis tu à tous ceux que j'aime comme disait le poète, et toi tu me plait. Pourtant ces derniers temps, tu t'es pas mal fait attaquer.



Ah, ton dernier film, Clint, a fait couler beaucoup d'encre. Au-delà, un film sur le rapport à la mort, avec comme têtes d'affiche Matt Damon et Cecile de France. Matt Damon... l'homme atteint de paralysie faciale... Non mais sans rire, ce type est la preuve que certains n'ont pas de sentiments! Si tu avais vu Invictus, tu le saurais! Comment? ah oui, c'est ton film aussi, Invictus...

En fait, j'ai aimé ton film. Certes, ce n'est pas un gros chef-d'oeuvre, mais tu y développe tes thèmes fétiches (des destins extraordinaires) avec une pudeur qui ne t'a jamais quitté. Tu parles de l'au-delà en raillant les religions, les croyances diverses, les arnaqueurs... bref, tu crois sans doute à une vie de l'esprit mais tu déteste ceux qui font payer le péage. Grand bien t'en fasse.

Certaines critiques te reprochent de parler de la mort pour l'éloigner, car à ton age, on doit en sentir le souffle. Pourtant, depuis l'incroyable Impitoyable, tu as tué ta propre légende de l'ouest. Avec Gran Torino, fini le rôle du flic grognon à la Dirty Harry. Si on remonte le temps, Honky Tonk Men annonçait déjà la fin d'une époque, ton époque. La mort est récurrente chez toi Clint, c'est le petit diable sur l'épaule, qui démange en permanence.


Au-delà touche. Pas en plein dans le mille, mais sans doute plus près du centre de la cible qu'il n'y parait. Car tu y fais passer le meilleur des messages: les morts n'ont plus rien à nous dire. Matt Damon, qui peut entrer en contact avec les morts, ne sait rien de la mort. Paradoxalement, son pouvoir ne le rend pas plus fort face à elle, d'autant que le message venu de l'au delà n'a rien de passionnant. A chaque contact, les mots des morts sont banalités: tu dois vivre sans moi, tu dois reconstruire ta vie sans moi, tu dois aller de l'avant. Les morts n'ont pas de savoir supplémentaire, tout ce qu'ils disent, les vivants le savent déjà. 


Clint, tu vas mourir, tu le sais mieux que quiconque. On pleurera ta mort, on vantera les mérites de ton cinéma, on dira que tu étais le dernier des géants. On dira partout que ta filmographie est parfaite, on ne citera pas trop Doux, dur et dingue (malheureusement, ce film est doté de la meilleure réplique au monde: "je suis peut être un con, mais je suis le seul homme qui t'ai proposé d'aller plus loin que ton lit"), on parlera de ta pudeur, de ton humanisme.On fera la grimace en grognant, comme toi.






Pour finir, autant le laisser la parole. L'interview à  inside the Actor's Studio, pour les anglophone, vaut son pesant de cacahuètes:





P.S.: Dis, tu pourrais travailler un peu plus sur tes prochains films? Histoire qu'on dise pas tous "c'est bien mais ça manque d'un petit quelque chose...".




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